Documents - Propositions de piste de réflexion

 

I. La symbolique des yeux : exemples dans la littérature, les expressions et la peinture

Dans la littérature...

« Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,
Ouverts à quelque immense aurore;
De l'autre côté des tombeaux
Les yeux qu'on ferme voient encore. »
Sully Prudhomme, Stances et Poèmes.

 

« Adieu, dit le renard. Voici mon secret. Il est très simple : on ne voit bien qu'avec le cœur. L'essentiel est invisible pour les yeux. L'essentiel est invisible pour les yeux, répéta le Petit Prince, afin de se souvenir. » Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince

 

« M. Jourdain : Par ma foi ! Il y a plus de quarante ans que je dis de la prose sans que j'en susse rien et je vous suis le plus obligé du monde de m'avoir appris cela. Je voudrais donc lui mettre dans un billet : belle Marquise, vos beaux yeux me font mourir d'amour ; mais je voudrais que cela fût mis d'une manière galante, que ce fût tourné gentiment.
Maître de philosophie : On les peut mettre premièrement comme vous avez dit : Belle Marquise, vos beaux yeux me font mourir d'amour. Ou bien : D'amour mourir me font, belle Marquise, vos beaux yeux. Ou bien : Vos yeux beaux d'amour me font, belle Marquise, mourir. Ou bien : Mourir vos beaux yeux, belle Marquise, d'amour me font. Ou bien : Me font vos yeux beaux mourir, belle Marquise, d'amour. »
Molière, Le bourgeois gentilhomme : Acte I, scène 5

« Le grand courage, c'est encore de tenir les yeux ouverts sur la lumière comme sur la mort. » Albert Camus

 

Dans les Expressions ...

Faire de l'œil à quelqu'un : Lui faire signe en clignant de l'œil.

Se mettre le doigt dans l'œil : Faire erreur.

Loin des yeux, loin du cœur : L'absence détruit les affections.

Faire les gros yeux : Regarder avec sévérité.

Faire les yeux doux : Supplier du regard

Les yeux dans les yeux : Se regarder avec franchise ou tendresse.

Dans l'art ...

Le déjeuner sur l’Herbe Édouard Manet, 1862-1863

Sainte Lucie , Francesco del Cossa, 1473. http://www.snof.org/histoire/saints.html Lucie : « Lux » : la lumière. St Lucie est la patronne protectrice des yeux

 

Propositions d’exploitation :  A partir des documents et de vos connaissances, dites tout ce que peut représenter l'œil (au delà de l'organe) dans la littérature, les expressions et la peinture.

 

II. Les greffes de cornées : technique et éthique

1. Aspect technique.

Définition : Cornée. partie avant ou antérieure de l’œil, transparente, sur laquelle sont posées les lentilles de contact. C’est le dioptre le plus puissant de l’œil. Elle permet la convergence des rayons lumineux. Une très légère modification de la courbure de sa face antérieure permet de corriger les myopies, les hypermétropies et les astigmatismes.

La greffe de cornée consiste à remplacer une cornée malade par un cornée saine d'un donneur décédé. Les greffes de cornées (kératoplasties transfixiantes) permettent à de nombreux patients de retrouver une bonne vision alors qu'ils étaient porteurs d'une opacité de la cornée qui les rendaient, sinon aveugles, du moins malvoyants. On arrive à plus de 85% de succès. Mais ces résultats sont fonction des maladies oculaires qui ont entraîné la greffe. De nombreux contrôles sont réalisés pour être sûr de la bonne qualité du greffon et de son innocuité vis-à-vis du receveur.

Prélèvement de cornée (trépanation) Surjet de cornée. La nouvelle cornée greffée recousue

 

Propositions d’exploitation :  Citez d'autres organes qui peuvent être greffés. Quelle est la greffe la plus fréquente, la plus rare, la plus difficile à réussir, celle qui a le plus de succès? 

Qu'est-ce qui justifie les nombreux contrôles réalises après la greffe ?

  2. La question des donneurs

Il faut savoir que les contrôles des cornées prélevées entraînent la mise à l'écart d'un certain nombre de greffons qui ne conviennent pas. Ainsi on considère qu'il n'y a que 60 à 70% des greffons prélevés qui sont greffés. En France on a besoin de 8000 cornées pour couvrir les besoins de la population. Aux USA on a dénombré 35861 greffes en 1998. Comme un déficit de donneurs subsiste, nous sommes obligés d'importer des cornées des Etats-Unis qui est le premier exportateur mondial. Pour éviter cela, il faudrait prélever chaque année environ 1600 cornées supplémentaires. Le prix d'une cornée est de 5760 FF (Tarif Interministériel des Prestations Sanitaires), soit environ 1000$. Le coût d'une cornée américaine est de 1200 $.            http://www.snof.org/chirurgie/keratoplastie.html

Lorsqu’un greffon est disponible, l’intervention est moins urgent que dans le cas des transplantations d’organes, car les cornées peuvent être conservées plusieurs semaines. Par ailleurs, la cornée étant peu vascularisée et peu immunogène, le risque de rejet est réduit et il n’est pas nécessaire de respecter les règles habituelles de compatibilité sanguine.

http://www.doctissimo.fr/html/dossiers/greffes_transplantation/articles/sa_7809_greffe_cornee_excellents_resultats.htm

Propositions d’exploitation :  Comment expliquer la réticence des individus à donner des organes ?

Est-ce que vous donneriez vos organes et lesquels ?

Que pensez-vous de l'information autour du don d'organe? 

    3. La question du consentement des familles

Le cadre des lois de Bioéthique permet de bien décrire la démarche des médecins. Le Registre National des Refus (RNR) enregistre depuis le 15 septembre 1998 toutes les personnes qui refusent que l'on prélève les cornées à leur mort. Si la personne décédée n'est pas inscrite sur ce registre, l'équipe médicale doit s'enquérir auprès de la famille des volontés du décédé; il est certain qu'on recueille ainsi l'opinion de la famille si la personne ne s'est pas prononcée sur ce sujet. Cette rencontre avec la famille est faite dans un endroit calme qui permet la réflexion. Le dialogue pourra éclaircir le problème et permettra aux médecins de s'engager dans le prélèvement des cornées. En cas de refus de la famille, aucun prélèvement ne sera réalisé. Le prélèvement pourra se faire suivant deux techniques, soit le prélèvement du globe entier, soit celui d'une collerette cornéo-sclérale. Le prélèvement du globe sera fait avec accord de la famille et permettra une meilleure qualité de prélèvement et un greffon en meilleur état. Le prélèvement d'une simple collerette est plus difficile, on utilisera souvent la trépanation pour recueillir la cornée. L'acte se termine par le rétablissement d'un aspect esthétique de la face; on ne se rendra alors pas compte qu'un prélèvement a été effectué, et les familles seront rassurées. www.snof.org/chirurgie/keratoplastie.html

Propositions d’exploitation :  Décrire les démarches du don d'organe après la mort d'un individu ?

Selon vous, qui doit décider d'un prélèvement d'organe ? le défunt, les parents du défunt, l'épouse, ses enfants ? 

Selon vous comment devrait-on procéder pour que les familles acceptent le prélèvement d'organe ? 

  

   4. La question du prélèvement sur des cadavres. Greffer un organe à partir d’un cadavre

On ne prélève actuellement plus le globe oculaire en entier; et seul le tissu cornéen est prélevé. Afin de respecter la sensibilité légitime des proches du donneur; le médecin préleveur restaure l'aspect esthétique de l'œil en fin de prélèvement par un verre de contact prothétique spécial, permettant de maintenir les paupières closes.

Le greffon peut être conservé une semaine à la température de 4 degrés, ou un mois à 31 degrés; dans des milieux spéciaux. Sa qualité est contrôlée dans des banques des yeux spécialisées, sous l'autorité de la Banque Française des Yeux et de l'Etablissement Français des Greffes. Une liste très stricte de critères doit être respectée pour effectuer le prélèvement afin de garantir la sécurité biologique du tissu. Un recueil de l'histoire médicale du donneur, ainsi que des prélèvements de sang permettent d'éliminer le risque de contamination virale pour de nombreuses affections telles que l'hépatite, la rage, le SIDA ou la maladie de Creutzfeld-Jacob par exemple.

Le greffon est lui-même examiné au microscope pour s'assurer de l'absence de contamination et de la qualité cellulaire du tissu. Les greffons douteux sont systématiquement écartés. Les greffons biologiquement sains mais pauvres en cellules peuvent être attribués en urgence pour des greffes à chaud ou conservés par dessiccation ou congélation.

http://mapage.noos.fr/keratocone/greffe.htm

Propositions d’exploitation :  Selon vous, quels pourraient-être les critères de choix du greffon et du greffé, en dehors des incompatibilités biologiques ?

Les greffes de cœur, de foie, de rein sont réalisées sur des individus en mort cérébrale. Le cerveau de l'individu n'a plus d'activité mais ses organes peuvent encore vivre quelques heures. Selon vous, le prélèvement de cornée sur des cadavres en mort cérébrale et dont les organes sont aussi morts posent-il des questions éthiques pour les receveurs ?

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